Rome déroule le tapis rouge à la crème de l’industrie du voyage pour le 25ᵉ Sommet international du WTTC. Pendant trois jours, dirigeants de l’aviation, de l’hôtellerie, géants de la tech et ministres du Tourisme convergent vers l’Auditorium Parco della Musica. L’enjeu : adapter un secteur en plein boom – déjà 357 millions d’emplois en 2024 – aux défis d’un développement durable devenu non négociable. Statistiques record, investissements colossaux et retours d’expérience rythment des débats où la Ville éternelle redevient, l’espace d’un sommet, la boussole du patrimoine et de l’innovation.
- Sommet international du WTTC : enjeux pour le tourisme mondial
- Rome, Ville éternelle et laboratoire d’attractivité touristique
- Chiffres clés : l’hôtellerie mondiale en pleine mutation
- S’adapter : innovation, durabilité et nouvelles attentes des voyageurs
- Business travel : quand les rencontres dopent les économies locales
Sommet international du WTTC : enjeux pour le tourisme mondial
Le coup d’envoi a été donné sous les voûtes ultra-modernes de l’auditorium. Gloria Guevara, PDG par intérim, a rappelé que le secteur vise une contribution record de 2,1 milliards de dollars au PIB mondial dès 2025. La priorité : consolider la reprise tout en évitant la surchauffe. Les États-Unis, toujours leader avec 2 558 milliards de dollars en 2024, voient pourtant les dépenses étrangères menacer de fléchir. Une alerte qui résonne jusqu’aux allées de Rome, où les experts planchent sur des politiques de visa plus agiles et une promotion ciblée.
Philippa, CEO fictive d’un tour-opérateur londonien, raconte avoir réorienté 30 % de son offre vers des circuits bas carbone après avoir découvert les chiffres dévoilés à Rome. Son témoignage illustre la nouvelle donne : sans intégrer la durabilité, la croissance reste fragile.
Le secteur face aux nouveaux défis économiques
L’Europe, forte de cinq poids lourds dans le top 10, revendique son rôle moteur. L’Allemagne pèse 525 milliards de dollars, le Royaume-Uni 367 milliards malgré une perte de recettes internationales, tandis que l’Italie grimpe à 248 milliards grâce à une industrie MICE florissante. À l’Est, la Chine affiche une croissance prévue de 22,7 % : 260 milliards supplémentaires en un an, preuve que les flux se rééquilibrent entre hémisphères.
Rome, Ville éternelle et laboratoire d’attractivité touristique
Choisie pour sa capacité à conjuguer attractivité touristique et modernité, Rome sert de vitrine grandeur nature. La capitale italienne a attiré 11,4 milliards d’euros d’investissements en 2024 : rénovation d’hôtels patrimoniaux, navettes électriques vers le centre historique, et nouveau terminal de croisière à Civitavecchia. Ces chantiers traduisent une volonté : accueillir plus, mais mieux.
L’exemple phare demeure la collaboration entre ENIT et la start-up EcoRide : des visites nocturnes du Forum romain assorties d’une séance d’observation du ciel à l’aide d’un telescope portable. Une façon de prolonger l’expérience tout en désaturant les horaires diurnes.
Patrimoine revisité : anecdotes d’un centre historique en mutation
Giovanna, guide depuis quinze ans, se souvient qu’il fallait autrefois éviter certains monuments après 10 h. Aujourd’hui, des créneaux nocturnes limités à 1 500 visiteurs permettent de réduire la pression sur les pavés millénaires. Les ruelles libérées profitent aux artisans locaux ; le café Sant’Eustachio, par exemple, voit ses ventes grimper de 18 % le soir.
Chiffres clés : l’hôtellerie mondiale en pleine mutation
Le rapport du WTTC met en lumière la montée en puissance de l’hôtellerie lifestyle. Au niveau mondial, 40 % des nouvelles chambres concernent des établissements de moins de 150 clefs misant sur l’expérience plutôt que sur la taille. Les investisseurs l’ont compris : plus d’un milliard de dollars injectés dans le secteur en 2024, dont près d’un demi-billion concentré aux États-Unis, en Chine, en Arabie saoudite et en France.
Un clin d’œil à l’Espagne : avec 270 milliards de dollars, le pays prend la septième place mondiale en 2025, grappillant des parts sur le Mexique grâce à une embellie des séjours hors saison, encouragés par des campagnes inspirées de la récente opération février en avion.
Étude de cas : le virage durable des chaînes italiennes
En périphérie de Rome, le groupe Lazio Green Hotels mise sur des toits solaires et des potagers urbains. Résultat : une économie d’énergie de 23 % en deux ans et un taux d’occupation qui dépasse de 8 points la moyenne régionale. Ce modèle inspire déjà plusieurs acteurs recensés dans le réseau FCM Travel France.
Le Cediv Travel et ATR unissent leurs forces : trois jours pour réinventer le futur du tourisme
À Malaucène, au pied du Ventoux, la petite salle de conférence a semblé trop étroite pour contenir l’énergie débordante des professionnels rassemblés par Cediv Travel et ATR. Durant trois journées intenses, l’événement a fait sauter les verrous d’un modèle touristique…
S’adapter : innovation, durabilité et nouvelles attentes des voyageurs
Les voyageurs privilégient désormais l’expérience : le secteur croît plus vite que celui des biens de consommation. Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite lance des hubs aéroportuaires futuristes ; en Asie-Pacifique, un emploi sur trois créé d’ici 2035 proviendra du tourisme. À l’échelle micro, le massif des Apennins séduit les citadins italiens via des escapades « train + refuge » calquées sur les conseils du guide Montagne en décembre .
Question : comment concilier essor et sobriété ? Les experts réunis à Rome misent sur la data pour lisser les pics de fréquentation. L’office de tourisme local partage déjà ses tableaux de bord avec les hôteliers afin d’ajuster en temps réel les tarifs et la capacité, limitant ainsi le surtourisme sur les sites emblématiques.
Innovation terrain : du Salar d’Uyuni aux ruelles de Trastevere
La plateforme chilienne « Mirror Trails », connue pour son guide du Salar d’Uyuni, installe un pop-up à Rome pour tester son système de réalité augmentée appliqué au Colisée. Les premiers retours montrent une durée de visite prolongée de 17 minutes, sans hausse de l’empreinte carbone : la preuve qu’une technologie bien pensée peut enrichir l’expérience tout en respectant le patrimoine.
Business travel : quand les rencontres dopent les économies locales
Avec une industrie des réunions qui pèse déjà 30 % du PIB touristique italien, le WTTC insiste sur les retombées des grands salons. Selon le dernier bilan du voyage d’affaires, chaque participant étranger dépense en moyenne 1 960 € à Rome, deux fois plus qu’un touriste de loisirs. Les restaurateurs du quartier Prati confirment : la semaine du sommet, leurs recettes ont bondi de 45 %.
Pour pérenniser cet élan, l’Italie déploie une assurance spécifique, inspirée du modèle présenté lors du partenariat Assurever-IFTM. Objectif : sécuriser les organisateurs et attirer toujours plus d’événements de rang mondial.
En conclusion du sommet, la Ville éternelle démontre qu’allier patrimoine, innovation et ambition climatique constitue la vraie feuille de route du tourisme de demain.



