Travel Europe, figure historique des circuits organisés sur la côte adriatique, a brusquement disparu des radars. En coulisses, la faillite du tour-opérateur autrichien a fait l’effet d’un coup de tonnerre pour les professionnels français, privés du principal pourvoyeur de forfaits packagés vers la Croatie. Résultat : entre janvier et septembre, les arrivées hexagonales ont reculé de 8 %, alors que Zagreb visait un nouveau record de fréquentation. Le choc dépasse le simple déficit de chambres vendues ; il interroge la résilience d’un écosystème déjà bousculé par la pandémie, la flambée du carburant et la concurrence féroce des plateformes de réservation directe. Dans les agences, de Havas Voyages à Voyages Leclerc, les conseillers jonglent avec les reports, quand les hôteliers dalmates s’inquiètent pour leur trésorerie. Le ministère croate du Tourisme, appuyé par Croatia Airlines, tente d’amortir la secousse en renforçant la liaison Paris–Split. Pendant ce temps, les voyagistes français construisent de nouvelles offres multi-destinations, capitalisant sur l’attrait des Balkans. Les plus agiles misent sur des partenariats créatifs avec MSC Croisières ou Club Med, tandis que les experts de la niche culturelle, tels Kuoni ou Jet Tours, peaufinent des circuits sur mesure. L’épisode révèle, au fond, la nécessité de diversifier la distribution et de sécuriser les chaînes de valeur, comme le souligne l’analyse publiée dans ce dossier sur la résilience touristique post-Covid.
Croatie : comprendre le séisme provoqué par la faillite de Travel Europe
Au plus fort de la haute saison, Travel Europe affrétait jusqu’à cinq vols hebdomadaires depuis Paris, Lyon et Nantes, alimentant un réseau d’hôtels partenaires sur la riviera croate. La mise en liquidation a soudainement interrompu cet approvisionnement, laissant sur le carreau des milliers de voyageurs et une centaine de salariés en France. L’Office national croate de tourisme qualifie la baisse de fréquentation française de « normale », mais les restaurateurs de Rovinj estiment déjà la perte à plusieurs millions d’euros. Les autorités locales rappellent qu’en 2024, les visiteurs hexagonaux représentaient la cinquième clientèle étrangère. Sans l’effet de volume de l’ex-TO, la destination se retrouve fragilisée, notamment sur les segments hors-saison, réputés plus rentables.
Le recul des arrivées françaises et ses répercussions locales
Sur le terrain, les guides francophones témoignent d’un calendrier clairsemé. Ana, freelance à Dubrovnik, explique qu’elle tourne à 60 % de sa capacité : « Les groupes de 40 personnes envoyés par Look Voyages ou TUI France manquent cruellement. » Pour amortir le choc, les municipalités organisent des festivals visant la clientèle allemande, moins dépendante des tour-opérateurs. Zagreb table également sur les croisiéristes : le nouvel itinéraire d’MSC Croisières fait escale à Zadar, introduisant des flux susceptibles de compenser, en partie, la clientèle perdue. Cette stratégie mixte met en lumière un enjeu clé : diversifier les points d’entrée afin de ne plus dépendre d’un seul distributeur.
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Vers un nouvel écosystème du voyage : acteurs et stratégies de rebond
L’absence de Travel Europe ouvre un boulevard aux challengers. Dès l’automne, Croatia Airlines a annoncé une fréquence supplémentaire Paris–Zagreb, assortie de tarifs négociés avec les réseaux d’agences. De son côté, Club Med sonde la possibilité d’implanter un village exclusif près de Sibenik, séduite par un littoral encore préservé. Dans les back-offices, les équipes de Kuoni orchestrent des combinés Croatie-Slovénie, tandis que Jet Tours mise sur l’expérience immersive : dégustations chez les vignerons d’Istrie et visites privées des remparts de Ston. Ces initiatives confirment le glissement progressif d’un modèle de masse vers une offre plus segmentée et premium.
Des compagnies et voyagistes déjà sur la brèche pour combler le vide
Pour rassurer la distribution, Havas Voyages a monté un grand workshop à Paris, invitant hôteliers croates et transporteurs. À la clé : des contrats dynamiques et des engagements fermes sur les sièges aériens. L’événement a aussi mis en avant des alternatives ferroviaires, à l’image de l’itinéraire détaillé dans ce guide pratique du rail européen. Parallèlement, l’initiative Tourisme Éthique Agir prône une transition responsable ; elle soutient les petites structures locales pour éviter une dépendance excessive à de futurs géants du secteur. Ces mouvements démontrent qu’une crise, pour peu qu’elle soit anticipée, peut catalyser l’innovation.
Innovations et alliances : un laboratoire pour la relance croate
La Croatie mise désormais sur des partenariats régionaux. Un projet de pass multimodal, intégrant bus, ferry et train, est à l’étude, inspiré par les recommandations publiées dans ce itinéraire des joyaux cachés d’Europe. Les autorités veulent fluidifier la circulation des voyageurs entre Split et Mostar, élargissant le périmètre touristique aux Balkans voisins, comme le suggère cet article sur les villes tranquilles des Balkans. Enfin, les plateformes d’expérience collaborent avec les agences traditionnelles : un courtier franco-croate teste ainsi l’intelligence artificielle pour personnaliser les circuits, étape rappelée dans l’étude « Agents vs. planificateurs » disponible ici. Si le défi est immense, la destination possède un atout maître : une identité maritime, culturelle et gourmande qui continue de fasciner les voyageurs français, prêts à revenir dès que l’offre se stabilisera.
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