Fiona Lauriol reprend la route dans le sillage de sa grand-mère disparue, bien décidée à transformer leur voyage intergénérationnel de 15 000 km en manifeste national. La famille Lauriol, à bord d’un solide camping-car, vient de marquer une nouvelle halte à Auxerre. Objectif : rappeler, à coups d’anecdotes et de rencontres, qu’on peut réinventer la vieillesse sans murs ni solitude. L’étape icaunaise précède Troyes, autre maillon d’un tour de France qui, depuis janvier, rallie élus, étudiants et simples curieux autour d’un même mot d’ordre : vieillir n’est pas se taire. L’initiative s’appuie sur le livre « 101 ans, Mémé part en vadrouille », bientôt porté à l’écran, et sur une communauté Web qui suit chaque nouvelle aventure comme un feuilleton solidaire.
Un manifeste social né sur la route d’Europe
Tout a commencé en 2018, quand la centenaire Dominique, rongée par le syndrome de glissement, accepte l’invitation de sa petite-fille : quitter l’Ehpad, parcourir l’Espagne et le Portugal, dormir face à l’Atlantique. Six mois plus tard, la nonagénaire remarche, chante et sourit. Entre Séville et Coimbra, la caravane improvise des veillées musicales, pousse un fauteuil sur le Camino de Santiago et assiste à un premier concert dans le désert des Bardenas. Chaque arrêt attire journalistes, blogueurs, voyageurs. L’histoire rayonne, dopée par les partages en ligne, comme un écho aux itinéraires conseillés dans ce road trip entre Porto et Lisbonne ou ceux d’un périple dans le désert d’Oman, preuve que l’aventure n’a pas d’âge.
Quand l’itinéraire devient thérapie
Dominique célèbre ses 102 ans au milieu d’un canyon aragonais, casque de réalité virtuelle vissé sur la tête. Les médecins s’étonnent : l’appétit revient, la tension se stabilise. Loin des couloirs aseptisés, le duo démontre qu’un planning millimétré – sieste à l’ombre, pauses hydratation, repas locaux légers – suffit pour sécuriser l’expérience. La psychologie compte tout autant : fixer des projets quotidiens, même simples, nourrit la motivation. Cette méthode inspire aujourd’hui des associations qui organisent des escapades courtes pour résidents en maison de retraite, sur le modèle exploré dans le guide complet du road trip en France.
Auxerre, escale militante et laboratoire d’idées
Le parvis de la cathédrale Saint-Étienne s’est transformé en salon d’échanges ce week-end. Parents, étudiants et ergothérapeutes ont convergé vers le camping-car familial pour discuter d’initiatives anti-isolement. Thierry, le père de Fiona, cite le modèle danois : les écoles ouvrent leurs portes en soirée pour créer des binômes jeunes-aînés. Les élus icaunais envisagent déjà des séances pilotes, tandis que les commerçants locaux proposent des sorties accompagnées sur les bords de l’Yonne. L’étape confirme que chaque ville recèle des solutions si on favorise la rencontre, comme le prouve aussi l’exemple celtique détaillé dans ce parcours dans les Highlands écossais.
Échanges citoyens, gestes concrets
En deux soirées, plus de cent habitants remplissent un carnet d’idées : ateliers numériques intergénérationnels, potagers partagés, ciné-débats sous les remparts. Les Lauriol compilent ces propositions pour les présenter au Sénat en juin. La municipalité d’Auxerre teste déjà une navette solidaire pour relier quartiers excentrés et centre-ville le dimanche, jour souvent synonyme de solitude pour les plus âgés.
Mode d’emploi : préparer son propre road trip en camping-car
Planifier un périple avec un proche senior implique un rythme allégé : trajets de 200 km maximum par jour, arrêts réguliers, literie ergonomique. Les Lauriol conseillent de mixer aires naturelles et campings équipés ; la variété stimule l’émerveillement tout en assurant les commodités. Vérifiez l’accessibilité des douches, prévoyez un siège pivotant et un frigo médical pour les traitements. Les budgets oscillent entre 70 et 110 € quotidiens pour deux adultes, carburant compris, selon le modèle de véhicule. Ceux qui rêvent d’horizons plus lointains pourront s’inspirer de ce itinéraire d’été en Islande ou d’une virée culturelle en Transylvanie, deux destinations plébiscitées pour leur infrastructure routière et leurs paysages adaptés aux pauses contemplatives.
Budget, sécurité et plaisir partagé
Pour des coûts maîtrisés, privilégiez les marchés locaux et pensez à troquer services contre stationnement : un habitant offre souvent son jardin en échange d’un coup de main au potager. Côté sécurité, installez détecteurs de CO₂ et téléassistance mobile. Enfin, n’oubliez jamais le carnet de souvenirs : photos imprimées, cartes postales ou journal audio, autant de supports qui prolongent la magie une fois rentrés. L’expérience le prouve : raconter la route entretient l’élan vital.
Le Cediv Travel et ATR unissent leurs forces : trois jours pour réinventer le futur du tourisme
À Malaucène, au pied du Ventoux, la petite salle de conférence a semblé trop étroite pour contenir l’énergie débordante des professionnels rassemblés par Cediv Travel et ATR. Durant trois journées intenses, l’événement a fait sauter les verrous d’un modèle touristique…
Du livre au grand écran : la prochaine étape
Traduite en cinq langues et vendue dans vingt-deux pays, l’histoire « 101 ans, Mémé part en vadrouille » sera adaptée au cinéma l’an prochain. Le scénario, actuellement en écriture, s’appuiera sur des images tournées pendant la traversée européenne, auxquelles s’ajouteront des séquences documentaires tournées lors des étapes françaises. Les réalisateurs promettent un film à la croisée de « Into the Wild » et « The Best Exotic Marigold Hotel », célébrant la liberté d’exister jusqu’au bout.
Prochaine étape : Troyes, puis Dijon, Lyon et, en point d’orgue, la capitale où les parlementaires attendent le camping-car pour un débat public. Sur le pare-brise, un message écrit en grosses lettres résume l’aventure : « On ne cesse pas de voyager parce qu’on vieillit, on vieillit parce qu’on cesse de voyager. »



