À Cherbourg, la Biennale du 9e art franchit un cap audacieux en ouvrant ses cimaises aux Voyages d’artistes de la mythique Collection Louis Vuitton. Lithographies tirées à trente exemplaires, dessins originaux expédiés des quatre coins du globe, récits graphiques où la lumière de l’Arctique dialogue avec le bitume parisien : l’événement, programmé jusqu’au 16 novembre 2025, transforme le Musée Thomas-Henry en carnet géant. Point d’orgue : la confrontation entre le flamand Brecht Evens et l’atelier Michael Woolworth, fusion initiée en 2015 pour un Carnet de voyage dédié à Paris. Vingt-deux œuvres prêtées par la maison au monogramme s’alignent désormais face aux planches d’Evens, offrant un zigzag visuel qui rappelle que l’exploration, qu’elle soit géographique ou intérieure, nourrit le neuvième art. Tandis que les libraires d’Éditions Gallimard et les commissaires du Musée d’Art Moderne de Paris affûtent déjà leurs regards, visiteurs et professionnels guettent les résonances qui fileront jusque dans les allées du Salon du Livre et sur les quais du Festival d’Angoulême.
Biennale du 9e art : voyage dessiné et héritage Louis Vuitton
Depuis 2002, la ville portuaire fait rimer bande dessinée et exposition muséale. Pour cette douzième édition, elle s’appuie sur l’aura de la maison Louis Vuitton, passée maître dans l’art de faire dialoguer luxe et papier. Chaque album de la collection Travel Book confie une destination à un illustrateur qui la réinvente à coups d’encres, de gouaches ou de pixels. En accueillant ces pièces, Cherbourg réaffirme son rôle de laboratoire d’expériences visuelles, loin du simple accrochage commémoratif.
Voyages d’artistes et Carnets de voyage : de Paris à l’Arctique
Le parcours commence par Paris, immortalisé par Brecht Evens en 2015 : ombres mouvantes et toits bleutés, tirés sur pierre lithographique par Woolworth. Il se poursuit avec l’Indonésie d’ATAK, les canaux d’Amsterdam revisités par Laurent Cilluffo ou encore le froid cristallin de l’Arctique selon Blaise Drummond. Une mosaïque qui, en quatre salles, rappelle que la carte postale classique a cédé la place à l’émotion directe, griffonnée sur la route, loin des objectifs touristiques.
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Collection Louis Vuitton Travel Book au Musée Thomas-Henry
Derrière les verrières, vingt-deux œuvres prêtées par la maison de couture révèlent les coulisses d’une fabrication où le luxe se love dans la poussière d’encre. Chaque feuille, numérotée, témoigne d’un partenariat étroit : l’artiste dessine, l’imprimeur transpose, la maison diffuse. Ce triptyque garantit une rareté qui attire autant les collectionneurs que les simples curieux, désireux de feuilleter sur place des pièces habituellement réservées aux vitrines de la Fondation Louis Vuitton.
Le dialogue avec les grandes institutions culturelles
Cette exposition-pont ne se limite pas à Cherbourg : elle s’inscrit dans un réseau d’institutions qui valorisent la bande dessinée comme art majeur. Le Musée d’Art Moderne de Paris prépare un accrochage satellite sur les carnets urbains, tandis que les dédicaces des auteurs s’annoncent déjà au Salon du Livre. À Angoulême, des planches inédites devraient rejoindre la programmation officielle, preuve d’une circulation accélérée entre la capitale, la province et les festivals internationaux.
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Conseils pratiques pour une escapade culturelle à Cherbourg
Arriver depuis Paris prend trois heures de train : idéal pour un week-end prolongé. Les budget serrés miseront sur les auberges du centre, tandis que les amateurs de vue choisiront les chambres donnant sur la rade. Le billet combiné musée-port offre une réduction avantageuse et un accès direct aux ferries pour ceux qui envisagent de poursuivre vers l’Angleterre. Entre deux salles d’exposition, la halle au poisson fournit une pause iodée, parfait contrepoint aux pigments saturés des œuvres.
Quand l’illustration devient passerelle de territoires
La force de la Biennale du 9e art réside moins dans l’alignement d’originaux que dans la promesse d’un dépaysement instantané. En saisissant Barcelone, Shanghaï ou Le Cap sous des angles neufs, les carnets exposés prouvent que la création graphique abolit les frontières tout en aiguillonnant le désir de départ. À la sortie, nombreux sont les visiteurs qui repartent un carnet vierge sous le bras : première étape d’une aventure qu’ils écriront eux-mêmes, crayons en main.



