La technopole azuréenne vacille. Travel Planet, pépite des voyages d’affaires installée à Sophia Antipolis, voit son ascension ternie par une procédure pénale ouverte à Lille. Mise en examen pour escroquerie, abus de bien social et blanchiment, la cofondatrice Betty Seroussi, figure de la French Tech Côte d’Azur, incarne désormais le revers d’une success-story qui fascinait encore les investisseurs il y a quelques semaines. Les regards se tournent vers la justice mais aussi vers tout un secteur, du Tourisme d’affaires au Corporate Travel, bousculé par cette affaire qui rappelle que la croissance éclair peut laisser des zones d’ombre.
Sommaire
- Enquête judiciaire : un litige ancien qui remonte à la surface
- Le bras de fer avec Air France et ses répercussions
- Conséquences pour l’écosystème TravelTech et les concurrents historiques
- Les scénarios possibles pour l’entreprise et ses partenaires
Enquête judiciaire : un litige ancien qui remonte à la surface
Fondée en 2014 à Lille, Travel Planet s’était offert, dès 2021, un hub de 1 000 m² au Centrium de Sophia Antipolis. Avec un chiffre d’affaires dépassant 120 millions d’euros et 80 salariés, la scale-up incarnait la renaissance post-Covid du voyage d’affaires. Pourtant, un dossier ouvert dès 2017 resurgit : le parquet de Lille enquête maintenant sur des soupçons de marges indues, blanchiment et abus de bien social. Mardi, dix enquêteurs ont perquisitionné les bureaux azuréens, saisissant contrats et relevés bancaires.
Le bras de fer avec Air France et ses répercussions
Tout part d’une plainte d’Air France déposée en 2017 : la compagnie reprochait à la start-up d’avoir appliqué, via son moteur de réservation, des marges jugées excessives sur les billets. L’entreprise a riposté, accusant la compagnie de chantage commercial. La bataille, d’abord civile, franchit désormais le seuil pénal : Seroussi et son associé Tristan Dessain-Gelinet ont été placés en garde à vue, avant un contrôle judiciaire strict. Leur défense, orchestrée par Me Adrien Verrier, se refuse pour l’heure à tout commentaire, le dossier étant à l’instruction.
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Conséquences pour l’écosystème TravelTech et les concurrents historiques
L’affaire n’éclabousse pas seulement une start-up en vue ; elle interroge tout le marché du Corporate Travel. Pendant que Havas Voyages, Egencia, BCD Travel, Carlson Wagonlit Travel ou encore American Express Global Business Travel consolident leurs positions, la chute de confiance autour de Travel Planet pourrait redistribuer des portefeuilles clients. Plusieurs directions des achats, notamment dans l’aéronautique et la fintech, faisaient de la jeune pousse l’alternative agile aux mastodontes ; beaucoup réexaminent déjà leurs contrats.
Investisseurs et talents sur le qui-vive
L’annonce, il y a un mois, de l’arrivée de l’ancien ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari à la présidence du conseil stratégique avait été saluée comme un signal de maturité. En 2025, les financeurs exigent toutefois une gouvernance irréprochable. Quelques fonds régionaux, exposés dans la dernière levée de 30 millions d’euros, conditionnent désormais leur soutien à la transparence des flux financiers. Côté ressources humaines, la rumeur de départs vers des voisins de la technopole enfle : la crainte d’un gel de projets pourrait accélérer un exode de développeurs chevronnés.
Le Cediv Travel et ATR unissent leurs forces : trois jours pour réinventer le futur du tourisme
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Les scénarios possibles pour l’entreprise et ses partenaires
La procédure ne fait que commencer ; elle pourrait s’étirer sur deux ans. Trois trajectoires se dessinent : un accord transactionnel avec Air France, une décision de justice défavorable menant à un changement de gouvernance, ou, plus radical, une reprise par un acteur du Tourisme d’affaires souhaitant s’implanter à Sophia Antipolis. Quelle qu’elle soit, l’issue façonnera la crédibilité de la French Tech Côte d’Azur, dont Travel Planet était le porte-étendard face aux géants anglo-saxons.



