Agents de voyages et planificateurs de voyages croisent le fer sous les lambris de l’Assemblée nationale. Un député du Lot, Christophe Proença, a officiellement interpellé le nouveau ministre des PME et du Tourisme, Serge Papin, sur la concurrence jugée déloyale des travel planners. Au cœur du débat : une réglementation du Code du tourisme que certains influenceurs contournent, laissant les voyageurs sans filet de sécurité. Le Collectif de Défense des Métiers du Voyage (CDMV) espère faire évoluer la loi, tandis que le marché, déjà bousculé par l’IA et la réservation en ligne, s’interroge sur son avenir.
Duel politique : l’Assemblée s’empare de la bataille entre agents et travel planners
Appuyé par le CDMV, Christophe Proença a déposé une question écrite exigeant du gouvernement « des mesures de contrôle et de sanction ». L’initiative, nourrie en coulisses depuis l’IFTM Top Resa, vise à rétablir un terrain de jeu équitable entre agences titulaires d’une immatriculation Atout France – telles que Selectour, Havas Voyages ou Voyages Leclerc – et les coachs voyage qui proposent des itinéraires sans garantie financière ni assurance professionnelle.
Des arguments chocs pour convaincre Serge Papin
Le dossier remis au ministre rappelle qu’un agent traditionnel, de TUI France à Kuoni en passant par Jet tours, doit immobiliser une garantie pouvant dépasser 200 000 €, alors qu’un travel planner n’avance aucun fonds. Le CDMV cite même l’affaire d’un couple abandonné en Tanzanie faute d’itinéraire, un cas utilisé comme exemple de client mis en danger. Cette mésaventure illustre la vulnérabilité des voyageurs privés de recours.
Risques consommateurs : quand l’absence de protections devient un piège
En coulisses, les syndicats rappellent que l’annulation d’un vol ou la faillite d’un prestataire peut se solder par des vacances ruinées. Dans ce contexte, même les géants comme Promovacances ou la plateforme Bourse des Vols soulignent l’importance de la garantie financière. Les professionnels pointent aussi la confusion sémantique : beaucoup de travel planners se présentent comme simples « conseillers », alors qu’ils commercialisent des forfaits dissimulés.
Un été tanzanien qui tourne à la débrouille
L’exemple de la Tanzanie est devenu l’illustration phare. Pour 800 €, un influenceur avait promis un carnet de route complet ; sur place, les voyageurs n’avaient ni réservations ni assistance. Le CDMV, soutenu par des finalistes de concours professionnels, a dû intervenir à distance pour récupérer des confirmations d’hôtels en urgence. « Sans assurance RC, vers qui se retourner ? » martèlent les élus.
Pression technologique : IA, réseaux sociaux et le nouveau visage de la vente de voyages
Le débat politique s’inscrit dans une mutation accélérée du secteur. Les réservations instantanées poussent même des acteurs historiques comme Thomas Cook France à renforcer leur pôle data. L’IA générative, détaillée dans une récente enquête, détecte désormais les hausses tarifaires en temps réel et suggère des itinéraires sur-mesure en quelques secondes. Dans cet univers, un travel planner actif sur Instagram peut séduire par la proximité, mais comment garantir le sérieux de ses fournisseurs ?
Quand la légalité rattrape l’innovation
Quelques plateformes françaises, dont Travel Planet, se positionnent comme intermédiaires conformes, mais le flou subsiste. D’ailleurs, une enquête récente rappelle que même les pure players peuvent trébucher sur le volet réglementaire. À l’inverse, les agences traditionnelles renforcent leur veille : Selectour a lancé un outil d’audit automatique, tandis que Havas Voyages planche sur une garantie d’assistance « zéro faille ».
Le Cediv Travel et ATR unissent leurs forces : trois jours pour réinventer le futur du tourisme
À Malaucène, au pied du Ventoux, la petite salle de conférence a semblé trop étroite pour contenir l’énergie débordante des professionnels rassemblés par Cediv Travel et ATR. Durant trois journées intenses, l’événement a fait sauter les verrous d’un modèle touristique…
Vers un cadre clair : scénarios envisagés par le Parlement
Plusieurs pistes circulent dans les couloirs : création d’un code APE spécifique, obligation d’une micro-garantie financière, ou rattachement des travel planners à un opérateur dûment immatriculé. Le sénateur contacté par Stéphane Verdier étudie déjà un amendement inspiré du modèle australien, qui impose une assurance professionnelle dès la première vente. En parallèle, le gouvernement planche sur des outils pédagogiques pour sensibiliser les utilisateurs, à l’image de la campagne « Voyage protégé » que TUI France et le site d’information sur l’ESTA relaieront.
Mobilisation collective pour une nouvelle ère
Le CDMV encourage chaque agent – de Kuoni à Web-jet – à relayer la question écrite à son député. Objectif : peser avant la session budgétaire d’automne. Dans le même temps, les professionnels se retrouvent lors du Travel Explorer de l’IFTM pour partager bonnes pratiques et retours d’expérience. La prochaine étape est déjà fixée : un projet de charte éthique qui pourrait servir de tremplin à une loi, dès la prochaine fenêtre parlementaire.
Signez-vous le changement ? Chronologie à surveiller
La question écrite devrait être publiée d’ici le 20 octobre. Aucune date n’est arrêtée pour la réponse ministérielle, mais les professionnels guettent chaque signe. Si Serge Papin ouvre la porte à un cadre légal, la France pourrait devenir le premier marché européen à reconnaître officiellement le métier de travel planner, tout en verrouillant la protection des consommateurs. En attendant, les bureaux de Selectour, Promovacances ou même les nouvelles agences hybrides de Bourse des Vols multiplient les ateliers pour former leurs équipes aux exigences 2025. Quoi qu’il arrive, la ligne d’arrivée sera collective : voyageurs, agences et planificateurs devront avancer avec un règlement du jeu enfin clarifié.


